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La Chine souffre d’une mauvaise réputation en matière de contrefaçon. Nous allons donc faire un état des lieux de la situation, avant de voir dans une deuxième partie quelles sont les solutions mises en œuvre et les pistes étudiées pour lutter contre ce problème.
Commençons par définir la contrefaçon : selon Wikipédia, la contrefaçon est une violation d’un droit de propriété intellectuelle par le fait de reproduire ou d’imiter quelque chose (notion de plagiat) sans en avoir le droit ou en affirmant ou laissant présumer que la copie est authentique. La notion de contrefaçon a souvent une connotation péjorative, sous-entendant une chose de mauvaise qualité.
Mais quelle est la taille de ce problème ? Selon des chiffres de 2008, la contrefaçon représenterait 10% du commerce mondial, dont 80% proviendrait de Chine, ce qui représenterait 15 à 30% de son activité industrielle, 8% de son PIB et 3 à 5 millions d’emplois. Ces estimations sont confirmées par le fait que 86% des produits de contrefaçon saisis en 2009 (soit 250 millions de produits) provenaient de Chine.
Au delà du manque à gagner financier pour les entreprises dont les produits sont copiés, la contrefaçon est un phénomène inquiétant dans la mesure où les articles contrefaits ne se conforment pas aux standards de sécurité tout en étant fabriqués pour ressembler aux originaux. Ils envahissent donc le marché mondial où les consommateurs se laissent attirer par les bas prix sans réaliser la dangerosité des produits, non seulement pour les travailleurs qui les fabriquent sans aucune mesure de sécurité, mais aussi potentiellement pour eux même.
On appelle cela le « phénomène de falsifications dangereuses » qui concerne principalement : les vêtements produits avec des matériaux toxiques pouvant provoquer des allergies, le coton blanchi avec des substances dangereuses et interdites en Europe, les jouets assemblés de manière non conforme et avec des matériaux mauvais ou toxiques qui peuvent causer la mort par l’étouffement, les lunettes de vue non conformes aux normes européennes standards de sûreté et qui peuvent causer de graves dommages aux yeux, les cigarettes et cigares de marques connues produits avec du mauvais tabac, le dentifrice et autres produits pour l’hygiène eux réalisés avec des substances nuisibles, les cosmétiques qui causent de l’atrophie et des décolorations de la peau; les élastiques pour cheveux faits avec des préservatifs usagés avec le risque d’infections provoquées par bactéries et virus, les divans rembourrés avec du matériel toxique, les produits alimentaires non testés et non soumis à des contrôles sanitaires, le matériel électrique sans aucune norme de sécurité, voire même des contrefaçons de médicaments, inefficaces dans le meilleur des cas et dangereuses dans d’autres, etc.
Maintenant que nous avons défini la contrefaçon, voyons comment elle fonctionne et est organisée en Chine.

Il faut garder à l’esprit que la culture collectiviste chinoise accorde peu d’importance aux droits de propriétés intellectuelles ce qui facilite la copie des produits et la divulgation de secrets de fabrication par des employés qui peuvent très bien avoir deux emplois en même temps : l’un dans une société qui produit pour une entreprise occidentale et l’autre dans une société qui copie ces produits. Le but est alors de produire et de vendre sans payer de copyrights puis d’imiter et enfin dépasser les autres produits au niveau de la qualité. C’est le niveau micro-économique. Mais au delà de ces cas isolés, la Chine est ambitieuse et le gouvernement a une stratégie de long terme où la contrefaçon ne serait qu’une étape du processus de développement de l’économie.

En effet, au vu de ses capacités, la Chine ne veut pas se contenter d’être le sous-traitant du Monde. Elle a pour ambition de vendre ses propres produits pour obtenir une valeur ajoutée plus importante que celle obtenue lorsqu’elle sous-traite pour des grandes entreprises étrangères.

Surtout que le prix des produits est plus important à l’étranger, les marges commerciales se retrouveraient donc plus importantes en cas d’exportation de ses propres produits. La Chine veut donc devenir exportatrice. Le Hong-Kong Trade Council et son étude de 2004 arrivent à la conclusion qu’« environ 40% des entreprises se sont engagées dans le développement de leurs propres marques pour cesser d’être de simples poseurs d’étiquettes pour le compte de donneurs d’ordre étranger ».

Les ambitions chinoises trouvent leur fondement dans la réussite des entreprises japonaises dans les années 70 et le gouvernement fait tout pour soutenir les entreprises chinoises, donnant aux constructeurs une sécurité dans le temps et aidant au recentrage de leurs activités les mieux maîtrisées en partenariat avec les autres producteurs et non en concurrence, ce qui leur donne un avantage compétitif important.

Ce gouvernement communiste fixe des plans quinquennaux de développement. L’un des buts étant de protéger autant que possible son marché des entreprises étrangères.

La contrefaçon en Chine n’est donc qu’une étape de ce processus, la première, celle qui permettra d’acquérir les connaissances techniques suffisantes pour rattraper puis dépasser l’exemple occidental.

La contrefaçon chinoise a donc pour vocation de disparaître à terme, mais elle amènera une plus grande concurrence légale cette fois sur les marchés occidentaux, un « problème » en remplacera un autre. De plus, si la Chine remplit ses objectifs, d’autres pays se lanceront sans doute à leur tour dans la contrefaçon en la prenant pour modèle, comme la Chine a repris le flambeau du Japon.

La lutte contre la contrefaçon est donc importante pour l’économie actuelle mais aussi future des pays occidentaux, c’est pourquoi des solutions efficaces doivent être prises immédiatement, ce que nous verrons dans une deuxième partie.

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