LE-31-DÉCEMBRE-À-MINUIT-LA-CROATIE-EST-OFFICIELLEMENT-PASSÉE-À-L'EURO
Ce samedi 31 décembre à minuit, la Croatie a dit adieu à sa monnaie, la kuna, et est passée à l’euro. Elle devient ainsi le vingtième pays de la zone euro. Une décision qui permettra au pays d’assurer sa stabilité financière et de faciliter le tourisme. Mais certains pays, comme l’Autriche, craignent une arrivée massive des migrants dans l’espace Schengen.

 

Elle rejoindra par la même occasion l’espace Schengen après son adhésion en 2013 à l’Union européenne. Pour rappel, l’espace Schengen permet la libre circulation des individus dans tous les territoires des Etats membres sans contrôles aux frontières.

La Croatie avait reçu un avis favorable début décembre après sa demande d’adhésion en 2016. Elle a pu d’ailleurs compter sur le soutien de la France et des Pays-Bas qui se sont dits favorables à son intégration. La Roumanie et la Bulgarie ont, quant à eux, vu leurs demandes refusées. L’Autriche avait en effet émis un véto sur leurs adhésions.

Une décision favorable à l’économie croate

L’entrée dans la zone euro et dans l’espace Schengen constituent « deux objectifs stratégiques pour davantage d’intégration à l’UE », a insisté mercredi le Premier ministre conservateur Andrej Plenkovic. Dans un premier temps, le changement de la kuna vers l’euro permettra de protéger l’économie croate, soumise à une forte inflation cette année, de 13,5% contre 10% dans l’euro. Des pays d’Europe de l’Est membres de l’UE mais pas de la zone euro, comme la Pologne ou la Hongrie, se sont révélés encore plus vulnérables face à l’inflation croissante. « L’euro apporte certainement de la stabilité et de la sécurité » économiques, assure à l’AFP Ana Sabic, une responsable de la banque centrale croate (Banque nationale de Croatie, HNB). L’euro permettra également la suppression des risques de change ainsi que de meilleures conditions d’emprunts pour tous, des individus aux entreprises.

L’entrée dans l’espace Schengen représente un sérieux atout pour son tourisme, un secteur clé de l’économie du pays de 3,9 millions d’habitants, en facilitant l’arrivée des visiteurs, a noté récemment le chef de l’office de tourisme national Kristjan Stanicic. La Croatie a accueilli cette année quatre fois plus de touristes qu’il ne compte d’habitants. cette ouverture permettra de supprimer les longues files d’attentes aux frontières. D’ailleurs, 73 postes-frontière fermeront ce dimanche. Le changement s’effectuera plus tard dans les aéroports, à partir du 26 mars 2023, pour des raisons techniques.

Un accueil mitigé des Croates

Cette mesure ne fait pas l’unanimité imité. Si l’ouverture des frontières est plutôt accueillie positivement, le changement de monnaie inquiète la population. « Nous allons pleurer notre kuna, les prix vont exploser », se lamente à Zagreb Drazen Golemac, un retraité âgé de 63 ans. Son épouse Sandra se veut toutefois optimiste et se dit sûre que « l’euro a plus de valeur ».

L’heure est néanmoins à l’optimisme. « Le 1er janvier, nous allons lever les barrières et la circulation sera libre », a ainsi déclaré mardi dernier le chef croate de la police des frontières Zoran Niceno. Depuis longtemps, les Croates comptent en euros pour le prix des biens de valeur, comme les voitures ou les appartements.

Des craintes concernant l’immigration

Pour son entrée dans l’espace Schengen, la Croatie devra assumer un contrôle rigoureux des frontières extérieures de cet espace, et s’engager à une coopération policière pour lutter contre la criminalité organisée ou le terrorisme. Mais l’Autriche craint une hausse de l’immigration alors qu’elle a enregistré plus de 100 000 passages illégaux sur son territoire cette année. Une peur réfutée par la France qui estime au contraire qu’une ouverture des frontières permettrait de limiter des arrivées par la route des Balkans.

La Croatie devra également répondre à un enjeu de sécurité à ses frontières avec ses voisins non membres de l’UE (Bosnie-Herzégovine, Monténégro et Serbie). Ce dernier, qui possède une frontière extérieure terrestre longue de plus de 1.350 km, se trouve en effet sur la route dite des Balkans occidentaux, connue pour être empruntée par les migrants mais aussi par des trafiquants d’armes, de drogues et d’êtres humains.

Par La Tribune – Source : https://www.latribune.fr