Gestion qualité

En 2009, Mattel et sa filiale Fisher Price, un fabricant de jouets pour enfants, ont accepté de payer plus de 50 millions de dollars pour mettre fin aux 22 recours collectifs en justice intentés au nom des millions de familles qui avaient acheté ou reçu en cadeau les jouets défectueux fabriqués en Chine par la marque avant qu’ils ne soient plus tard retirés du marché.
Non seulement Mattel a du accepter de rembourser tous les acheteurs des jouets concernés (jouets Rue Sésame, Dora l’exploratrice de Fisher Price et certains jouets Mattel comme Batman ou des accessoires Barbie) mais l’entreprise a aussi du rembourser les frais de contrôle qualité payés par les plaignants pour tester les taux de peinture au plomb utilisée (600 000 dollars), donner 275 000 dollars à une association d’hôpitaux pour enfants et mettre en place un programme de gestion du contrôle qualité de ses produits.
L’année précédente, Mattel avait déjà accepté de payer 12 millions de dollars pour mettre fin à une enquête du département de la justice américaine sur l’utilisation de peinture au plomb dans ses jouets et 2,3 millions d’amendes pour avoir violé les règles sanitaires d’utilisation de la peinture au plomb.

Ceci a mis fin à « l’affaire des jouets à la peinture au plomb » qui avait conduit à 4 rappels (solution de dernier recours) de plus de 21 millions de jouets après la découverte que les jouets fabriqués en Chine contenaient un niveau inacceptable de plomb, ce qui peut avoir un impact irrémédiable sur le développement du corps d’un jeune enfant et sur son cerveau. Ils pourraient même développer la somnolence ou la léthargie ainsi que des douleurs abdominales.

Ce cas est devenu un cas d’école car il démontre clairement les dérives et risques d’une externalisation mise en place sans de strictes procédures de contrôle qualité et est à l’origine de nouvelles normes sanitaires aux Etats-Unis comme en Europe.

Dans une première partie, nous allons analyser les causes du problème et ce que Mattel aurait pu faire différemment pour éviter cette crise avant d’étudier dans une deuxième partie la réaction des autorités chinoises, américaines et européennes ainsi que les conséquences de l’affaire sur les réglementations internationales en matière de qualité. Enfin nous conclurons cet article en explorant les meilleures pratiques à suivre améliorer la qualité des produits importés.

Première partie : analyse critique de l’approche de Mattel à la sous-traitance de la fabrication de ses jouets en Chine

Notons d’abord que la Chine est en pleine évolution pour passer du statut de fabricant low-cost pour la production en masse de produits simples pour lequel elle était connue à un marché à la technologie avancée et au personnel hautement qualifié.

Cela dit, quand Mattel a commencé à faire fabriquer ses jouets en Chine, leur but était d’obtenir le prix de fabrication le plus bas. Cette recherche du low-cost à tout prix, au détriment de considérations de qualité et de sécurité, est la source principale des déboires de la société.

En effet la sélection de sous-traitants de confiance produisant des produits conforme à la qualité attendue est à la base d’une sous-traitance réussie. Le deuxième élément est de mettre en avant dans le cahier des charges toutes les caractéristiques détaillées du produit, et en premier lieu le respect des normes sanitaires. Enfin, le donneur d’ordre doit mettre en place des contrôles de qualité sévères pour vérifier la conformité des produits importés.

Le problème vient donc à la base de la sélection des entreprises chinoises qui ont le rôle de sous traitant (ils étaient 37 dans le cas Mattel) et qui ont eux-mêmes leurs propres sous traitants, qui ne sont pas toujours agréés. Par exemple le fabricant Hong Li Da, qui travaillait pour un sous-traitant Mattel : ne connaissant pas bien les consignes de la firme, il les a violé en utilisant de la peinture iodée. Par ailleurs, ces sous-traitants ont parfois un manque d’expérience et de qualification et ne connaissent pas nécessairement les normes en termes de sécurité qui peuvent être différentes d’un pays à l’autre, notamment entre la Chine et les Etats-Unis quant à l’utilisation de la peinture en plomb.

Mattel aurait donc du sélectionner des sous traitants de confiance qui respectent à la lettre toutes les normes relatives aux produits et à son pays d’exportation, proscrire les sous-traitants et fournisseurs non agréés.

La société aurait aussi du mettre en avant et détailler dans son cahier des charges les normes de sécurité à respecter et s’assurer que les sous-traitants et leurs sous-traitants les comprenaient.

Enfin, Mattel aurait aussi du mettre en place des processus de gestion du contrôle de la qualité pendant la production : audits et inspections régulières des usines.

Nous étudierons dans une deuxième partie la réaction des autorités chinoises, américaines et européennes à cette affaire ainsi que ses conséquences sur les réglementations internationales en matière de qualité. Enfin nous conclurons cet article en explorant les meilleures pratiques à suivre améliorer la qualité des produits importés.

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