Pourquoi la Chine fait flamber le prix des matières premières

Par |2021-07-08T11:04:06+02:00juillet 8th, 2021|Catégories : Economie|Commentaires fermés sur Pourquoi la Chine fait flamber le prix des matières premières
Malgré la crise sanitaire, le prix des matières premières, et en particulier des métaux, a connu une forte augmentation fin 2020. C’est l’effet de la demande chinoise croissante alors que son économie a redémarré en trombe au deuxième semestre. Ce pays a de plus en plus le pouvoir de fixer les prix sur bon nombre de marchés.

Pourquoi la Chine fait flamber le prix des matières premières
Des tubes d’acier sur le port de Lianyngang, le 27 décembre 2020. Le prix des matières premières, et en particulier des métaux, a connu une forte augmentation fin 2020. CHINAFOTOPRESS/MAXPPP

Entre avril et décembre 2020, en dépit de la crise historique que traverse l’ensemble de la planète, le prix de la tonne de fer a doublé du fait de la demande chinoise croissante. Ce minerai sert à la production d’acier. Et en 2020, les aciéries chinoises ont battu pour la première fois un record historique, passant la barre symbolique du milliard de tonnes de production. L’acier est très utilisé pour la construction d’immeubles ainsi que pour la production automobile.

Même chose pour le cuivre : le prix de la tonne a doublé, passant de 4 000 dollars à 8 000 dollars entre mai et décembre. Sur l’ensemble de l’année 2020, la Chine qui consomme à elle seule la moitié du cuivre mondial a accru ses importations de 34 %. Ce métal est celui de la transition énergétique car il est utilisé pour les câbles et alternateurs électriques. Le pays, qui a promis d’atteindre la neutralité carbone en 2060 investit massivement dans les renouvelables et fait flamber les cours.

Un rebond que « nul n’avait anticipé »

La Chine consomme aussi la moitié de l’aluminium mondial. Elle est le premier producteur de la planète. Et malgré cela, elle en importe. Le redémarrage de la Chine, dès le printemps dernier, « a provoqué un rebond du prix des matières premières d’une ampleur telle que nul ne l’avait anticipé », note Philippe Chalmin, professeur à Paris-Dauphine et président du Cercle Cyclope : « Cela concerne les minerais et métaux, le coton, le caoutchouc, les céréales et oléagineux ».

Alors que les trois quarts de la planète sont encore englués dans l’épidémie de Covid-19, la Chine est déjà bien repartie. Elle a connu une croissance de 6,5 % au 4e trimestre 2020 et de 2,3 % sur l’ensemble de l’année. Elle est le seul grand pays qui termine 2020 en positif.

La Chine « creuse l’écart avec le reste du monde », au point qu’elle « détient la clé de bon nombre de marchés mondiaux », estime Philippe Chalmin, spécialiste de l’étude des marchés de matières premières, dans son bilan de 2020.

Premier importateur mondial de produits agricole

La Chine est aussi devenue depuis plusieurs années le premier importateur mondial de produits agricoles. En 2020, ses achats de blé ont été multipliés par trois et elle a importé deux fois plus de maïs par rapport à l’année précédente. Cela provoque là encore une montée des prix.

Ces achats sont devenus, pour la Chine, une « arme géopolitique », estime Philippe Chalmin. Ainsi, la Chine a négocié une trêve dans sa guerre commerciale avec les États-Unis contre la promesse d’accroître ses achats de soja américain. Et elle utilise de la même façon ses achats de porc européen.

La Chine « est de plus en plus présente sur l’intégralité des chaînes de valeur. Et elle se renforce sur les marchés financiers ou dans la définition des normes, relève Yves Jégourel, professeur à l’université de Bordeaux et membre du cercle Cyclope. Elle se dit que comme elle est un gros consommateur, elle veut avoir une influence sur les prix et les règles en vigueur ».

Par Alain Guillemoles – Source : https://www.la-croix.com

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