La Chine sera l’un de ses seuls pays au monde a ne pas connaître de récession cette année. Son économie est même sortie renforcée de la pandémie, selon une étude de Oddo BHF.

L’OCDE a donc revu ses prévisions de croissance pour 2020. Dans le bon sens. Le PIB mondial devrait flancher de 4,5%, alors qu’en juin un recul de 6% était annoncé. Sur les économies passées en revue, toutes restent dans le rouge (la France est en chute de 9,5%, ce qui correspond grosso modo aux prévisions du gouvernement) à l’exception de la Chine. Le pays d’où est partie l’épidémie devrait enregistrer cette année une croissance de 1,8%, suivi d’un rebond de 8% en 2021, deux fois plus qu’aux Etats-Unis.

Primat du politique

Mais la Chine ne sera pas le moteur de la reprise mondiale: « Son modèle est désormais davantage tiré par la consommation intérieure que par les exportations » explique Laurence Boone, chef économiste de l’OCDE, qui  a assorti ses prévisions de nombreux bémols, en insistant sur leur « degré d’incertitude extrêmement élevé » lié à la propagation du virus et ses conséquences. Elle insiste par ailleurs, sur la variation importante des chiffres d’un pays à l’autre, en prenant comme exemple l’Inde, économie voisine de la Chine, qui, elle, s’effondre de plus de 10% cette année. Ce qui renforce l’opinion de ceux, dont fait partie Laurence Boone, qui croient au primat du politique sur l’économique.

Vitesse de réaction

Depuis la mise en quarantaine de Wuhan, le 23 janvier dernier, la Chine a ainsi  réagi vite et fort. Alors que la plupart des pays se débattent toujours avec la crise sanitaire, Pékin a mis en scène sa « victoire » contre le virus, accompagnée d’un plan de relance représentant 4,5% du PIB, concentré sur les dépenses publiques et les entreprises, les ménages passant au second plan. 

Bénéfique pandémie

A l’arrivée, la puissance chinoise grimpe d’un cran. En 2009, lors de la précédente crise, la Chine représentait 13% du PIB mondial. Aujourd’hui on est passé à environ 20%. Pour Oddo BHF, Pékin a mieux géré cette crise que la précédente :  « en assurant la poursuite de son développement à moyen terme. La Chine sort renforcée de la pandémie ». En 2009, Pékin avait voulu sauver sa croissance à tout prix, créant des déséquilibres, notamment dans son système financier. A l’inverse, la Banque de Chine, cette fois, s’est montrée plutôt plus mesurée dans sa politique monétaire que ses homologues, la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale des Etats-Unis. 

Indispensable Made in China

Alors que la doctrine officielle de Xi Jinping, au pouvoir depuis 2012, est de mieux équilibrer l’économie en développant notamment le marché intérieur ce sont bel et bien les exportations qui devraient permettre à la Chine de passer à travers la récession. Masques, équipements médicaux, produits électroniques : pendant la crise sanitaire, c’est bien du made in China que l’on achète partout dans le monde. L’appareil productif, très soutenu par les pouvoirs publics, tourne à plein régime et les ventes de la Chine à l’étranger se sont accrues de 10% en un an.

Par Pierre-Henri de Menthon

SOURCE : challenges.fr