Quand je parle de la sous-traitance en Chine, mon sujet de prédilection, on me questionne souvent sur l’aspect social et économique pour la main d’œuvre occidentale qui perd des emplois qui sont déplacés en Asie. Il est vrai qu’avec la mondialisation, la concurrence pour l’emploi s’est élargie. Des millions de personnes ont vu leur poste externalisé qu’il s’agisse d’ouvriers spécialisés, de techniciens en informatique ou même d’ingénieurs en recherche et développement. Quand il y a 2,5 milliards de travailleurs diplômés et qualifiés en Asie qui sont prêts à travailler pour des salaires inférieurs aux standards européens, il est évident que la concurrence se fait sentir.
Ma réponse à cela consiste en deux points:
1- Les revenus globaux générés par les entreprises françaises en Chine ont atteint 35 milliards d’euros (49,75 milliards de Dollars US) en 2010, c’est de la richesse qui profite à l’économie française
2- Il faut regarder les choses différemment. La mondialisation et le déplacement du pouvoir économique vers l’Asie ne sont pas quelque chose de négatif. En fait, ces 2,5 milliards de personnes sont en train de devenir plus riches. C’est un nouveau marché et une opportunité qui n’ont jamais existé auparavant.
Il y 30 ans, le chinois ou l’indien moyen ne pouvait pas s’acheter grand chose de plus que les premières nécessités. Cette pauvreté était un problème pour l’économie mondiale : avec si peu de dépenses dans les pays en voie de développement, la demande et donc la croissance dépendaient de quelques pays riches, dont la France. Aujourd’hui par contre, les chinois et les indiens sont une nouvelle source de croissance. Des centaines de millions d’entre eux achètent des écrans plats, des smart phones et du vin français. L’an dernier, les indiens et les chinois ont acheté 19,9 millions de voitures neuves. C’est 70% de plus que les américains et 10 000 fois plus que les français. Cette nouvelle demande pour les biens de consommation augmente la demande pour les matières premières, les moyens de transports pour déplacer ces matières premières, les ingénieurs pour créer ces produits etc. Le résultat : plus de profits pour les sociétés occidentales qui répondent à cette demande et donc plus d’emplois.
Au delà de ces bénéfices, à un niveau macro-économique, la dépression de 2008 aurait pu être bien pire sans les économies émergentes. En fait la Chine a maintenu toute l’Asie de l’Est hors de la dépression par ses achats de biens d’équipement et de consommation au Japon, à la Corée du Sud et à toute la région. D’après la CCIFC (Chambre de Commerce Française en Chine), les exportations françaises vers la Chine ont atteint 11 milliards d’Euros en 2010, en augmentation de 39,4% par rapport à l’année précédente. L’influence de la Chine et de l’Inde sur l’économie mondiale ne fera que se renforcer tandis qu’elles deviennent plus riches et dépensent dans le reste du monde.
En effet, ces nouveaux riches de Chine et d’Inde viennent aussi dépenser leur argent chez nous. Ils sont devenus des touristes avides. D’après l’Organisation Mondiale du Tourisme de l’ONU, le nombre de chinois voyageant en dehors de frontières de leur pays en 2009 a atteint 47,7 millions, soit 54% de plus qu’en 2005. Paris étant la première destination mondiales des touristes, je vous laisse imaginer les retombées économiques.
Enfin, dernier point, les grandes entreprises de consulting chinoises et indiennes s’étendent en occident pour avoir une présence globale et trouver de nouveaux marchés. Le géant indien Tata basé à Mumbai emploie 13 000 non indiens. Quand aux entreprises chinoises elles ont investi 57 milliards de dollars en occident en 2009, comparé à 12,3 milliards de dollars en 2005 et elles ont tendance à employer des talents locaux pour absorber leur connaissance culturelle.
En conclusion, la mondialisation et les progrès de la Chine et de l’Inde font que l’on doit repenser la façon dont on considère la sous-traitance et les emplois déplacés. En fait votre prochain client ou votre prochain boss pourraient bien chinois.
Pour plus de détails, je vous renvoie vers cet article (en anglais) de time.com (http://www.time.com/time/specials/packages/article/0,28804,2059521_2059693_2059692,00.html)
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