Filiale du groupe PPR (Pinault Printemps Redoute), Conforama est le n°2 mondial de l’équipement de la maison et exploite aujourd’hui un total de 239 magasins, dont 181 en France métropolitaine et 8 dans les DOM-TOM. L’enseigne a un positionnement généraliste d’entrée de gamme. Elle propose à ses clients, en magasin et sur Internet, une offre complète de meubles, d’articles de décoration, d’électroménager et d’électronique de loisirs, avec une disponibilité immédiate des produits.
La crise des fauteuils distribués par Conforama remonte à juin 2008 quand le Dr Christophe Le Coz, dermatologue à Strasbourg, reçoit un patient atteint d’eczéma. Le docteur diagnostique alors une allergie de contact, mais ne parvient pas à en déterminer l’origine.
Quinze jours plus tard, le dermatologue revient d’un congrès sur les dermatites de contact, où il a appris que de nombreux cas similaires sont apparus en Finlande et au Royaume-Uni depuis déjà deux ans, et que la relation avait été faite avec l’utilisation de fauteuils et de canapés fabriqués en Chine. Par ailleurs, en mai 2008, le site internet du British Journal of Dermatology indique que les nombreux cas observés en Finlande pourraient être dus au diméthylfumarate (DMFu).
Le DMFu est un antifongique utilisé dans les produits textiles, comme les chaussures, et les meubles, comme les fauteuils, pour prévenir des moisissures qui pourraient dégrader le produit. Le DMFu agit sous l’action de la chaleur, il se libère alors sous forme de gaz. Quand une personne s’assoit dans un fauteuil contenant ce composant, son corps fournit la chaleur nécessaire à la libération du gaz, qui s’évapore alors et entre en contact avec la peau du consommateur. Cela peut alors provoquer des cas d’allergie, d’eczéma, de brûlures à différents degrés, ainsi que des problèmes aux articulations. C’est ce que révèle le rapport du British Journal of Dermatology, et qui sera confirmé par les nombreux cas au Royaume-Uni, en Finlande et en France.
Le médecin a donc interrogé son patient, et a découvert qu’il avait effectivement acheté un nouveau fauteuil. Il l’ouvre et y découvre des sachets contenant une poudre blanche. Il va alors alerter le magasin Conforama de Strasbourg, où avait été acheté le fauteuil. Chez Conforama, dix-sept produits sont concernés. Les fauteuils ou canapés contenaient jusqu’à dix sachets de dimethyl fumarate, insérés dans le rembourrage.
«Nous ne le savions pas, nous l’avons découvert en éventrant les fauteuils», explique Isabelle Hoppenot, directrice de la communication de Conforama. «L’affaire commence pour nous au mois de juin, quand un dermatologue de Strasbourg est venu dire à un vendeur qu’un de ses patients souffrait d’eczéma à cause d’un de nos fauteuils de relaxation.» Le groupe réagit rapidement, récupère le fauteuil présumé coupable pour analyse et se rend à l’évidence. «Notre fournisseur chinois nous a expliqué qu’il avait ajouté ces sachets en raison de la mousson, pour éviter la moisissure pendant le transport.»
Une cellule de crise a été rapidement mise en place pour gérer le problème : le 20 juin, le groupe décide de retirer des rayons les fauteuils potentiellement allergisants, le problème est signalé à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), à partir du 18 juillet, 38 000 courriers sont envoyés aux clients ayant acheté un produit potentiellement dangereux entre mars 2006 et juin 2008, afin de les informer des risques que présentaient les fauteuils et canapés et de leur proposer de procéder à un échange ou un remboursement et un numéro vert est mis en place.
En outre, le groupe a cessé toute relation avec son fournisseur chinois, la société Linkwise, qui mettait des sachets contenant de DMFu en quantité importante dans les fauteuils, et ce, sans prévenir Conforama des risques encourus et engagé une procédure de contentieux avec le fabricant.
Il faut relever un manque de législation sur ce sujet pourtant critique pour la santé des personnes. En effet, si l’utilisation du DMFu pour les produits en cuir est interdite dans l’Union Européenne, son importation n’est pas strictement réglementée. En effet, aucune loi ne prévoit à l’époque de la crise (juin 2008) les conditions d’utilisation du DMFu et les limites à ne pas dépasser. Pourtant, cette substance est extrêmement nocive et représente un danger conséquent pour la santé.
Le 4 décembre 2008, un arrêt ministériel signé par Luc Chatel suspend provisoirement pendant un an l’importation et la mise sur le marché des fauteuils et des chaussures contenant du DMFu.
La direction de Conforama a choisi de « traiter au cas par cas » les « 530 dépôts de dossiers médicaux ». Mais plusieurs collectifs de victimes se sont formés. Au total, on recense 365 personnes concernées par des allergies en France et 14 décès suspects.
En outre, et c’est une nouveauté, l’assurance maladie a décidé de réclamer des dommages et intérêts devant un tribunal civil pour compenser le préjudice subi par les victimes. En effet, les personnes ont payé des consultations, passé des radios, soit des dépenses pour l’assurance maladie qui n’auraient jamais eu lieu si l’allergène ne s’était pas trouvé dans ces fauteuils. Depuis, la sécurité sociale a demandé à chacune de ses antennes régionales de prendre contact avec les victimes.
Dans ce cas, l’unique source des problèmes qui s’accumulent sur Conforama est la qualité des produits fabriqués par son fournisseur chinois. Nous allons donc voir, dans une deuxième partie, comment la justice a tranché dans cette affaire et les leçons à tirer des erreurs commises par l’enseigne dans la gestion de son externalisation.
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